samedi 29 décembre 2018


POLYNIES PUBLICATIONS SEPTEMBRE 2018-MARS 2019

Rester sur la page
Une première année polynienne s’est écoulée. Aucune bougie, surtout pas d’anniversaire festif. Les mots subissent eux aussi des catastrophes marchandes, la vacuité, l’oubli, le formatage insensible, qui travaillent à faire disparaître toute subjectivité et singularité afin de contrôler le corps de l’écrit. Où va ainsi l’imaginaire, où vit l’insaisissable ? Ils se terrent dans des réserves souterraines de bizarreries stylistiques, de pensées ténébreuses, d’histoires de traverse. Ils réaniment l’idée d’être homme au milieu des hommes, la dureté et la joie, comme s’il fallait chaque jour en réchauffer le souvenir, comme si notre survie en dépendait. Penser (toujours à soi), tourner la page, traverser en courant : il n’en est pas question. Mais plutôt, éprouver le lien à l’autre en tous ses extrêmes. Milly Jasmina Vodović, elle qui fait rendre gorge à l’inacceptable, la mort de son frère, dans toutes les dimensions existentielles réinventées (Nastasia Rugani). Laurent le Flamboyant, le fou de langage hors de la cage-case, et ses rendez-vous rêvés avec les petits enfants de Paris (Karen Hottois). Hamaika, ce vaste coeur emplumé, grande humaniste aspirant à un monde sans frontières ni préjugés (Pierre Zapolarrua). Simon et sa Simone, leurs histoires dans une théière des mondes, en un récit d’amour éternel (Agnès Debacker). Deux ours perchés, bourrés d’aspirations en horizons, à l’épreuve de leur engagement courageux (Émile Cucherousset). Ces auteurs, précédés, suivis par d’autres, résistent : ils regardent chacun à leur manière autour d’eux. Hors du rang, les ombres de leurs mots, la noblesse de leur attention écrivent une seule et même phrase, l’appel du désordre, la mémoire secrète des temps humains.






samedi 22 décembre 2018

RUS LENTARU EL BAMLOFYNAT


©Julia Woignier


Il y a chez Karen un “petit je ne sais quoi” de Prévert; avec elles les mots s’inventent, dansent et s’entrechoquent, une souriante extravagance nous enveloppe. Cette nouvelle lecture m’a rappelé le plaisir que j’avais eu enfant à lire Les contes pour enfants pas sages.
Dès les premiers mots j’ai senti l’appel de la lecture. Laurent le Flamboyant plus que d’être lu, se devait d’être dit. C’est raconté à voix haute que ce texte a pris toute sa dimension et les enfants pleins de leur imagination sans frontières se sont laissés embarquer dans la poésie et la fantaisie d’un jeu de mots virevoltant. Cette histoire est une véritable explosion de couleurs et Julia Woignier l’illustre merveilleusement bien. (…)
Dans cette histoire il y a la vie et toutes ses merveilleuses couleurs, odeurs et saveurs, tellement de poésie, le joli commencement d’un long chemin vers l’émancipation, énormément d’amour et d’amitié. Et de ce voyage, nous sortons heureux, grandis et émus.
Je vous invite vivement à vous installer confortablement au pied d’un immense Tualang, avec un délicieux “coquetel au ramboutan” et une belle part de tarte aux litchis et à vous plonger dans cette délicieuse lecture.  
Petite Fleur Loves Books
©Julia Woignier
Un beau petit livre, 19x14 cm avec une illustration de couverture réussie !
Laurent le Outan a beau s’occuper à toutes ses tâches quotidiennes, il s’ennuie ! Les petits enfants de Paris ne viennent plus le voir car ils passent leur temps à regarder la télé… Laurent le Outan déprime mais un soir, il rencontre une petite fourmi qui va l’aider à retrouver sa joie de vivre et le retour des enfants !!
Une grande épopée vive et colorée pour notre héros !
Les textes sont passionnants et amusants, les enfants adoreront suivre les aventures de Laurent le Outan et son amie la fourmi !
Les illustrations ont des couleurs éclatantes et donnent une belle dynamique au récit !
Une belle lecture pour les jeunes lecteurs et leurs parents !
A découvrir sans attendre !
Les chroniques de Madoka
©Julia Woignier

Des liens vont se tisser entre ces deux personnages et avec un troisième acolyte, ils vont mené une fine équipe. Réussiront-ils à réaliser le rêve de Laurent : d’aller rencontrer les enfants et voir Paris? Un texte tendre accompagné par de très belles représentations de la jungle. Un vrai dépaysement.  J’ai aimé la fraîcheur de ce texte et ait été touchée par les preuves d’amitiés que les trois amis se font l’un à l’autre. A ce savoir, qu’il y a aussi de l’humour. Ainsi la fourmi va déguster (au sens propre ?) un croque monsieur et un croque madame. Bah oui , selon elle c’est ce que les enfants mangent !
L’atelier de cœurs


©Julia Woignier

Je ne suis jamais allée à Sumatra, je n’ai jamais approché de jungle et pourtant, j’ai eu le sentiment en referment ce livre d’avoir fait le voyage et d’avoir passé un bien joyeux moment avec Laurent, et la fourmi, et la Vieille Maman, et monsieur Bouhabibi, et Gabby-Gibbon… J’ai même senti les croque-monsieur de la petite fourmi!
Laurent le flamboyant est un roman épatant. Vraiment. Je ne le dis pas seulement pour le chic de la rime. La langue de Karen Hottois est belle ; elle a créé un joli petit bout de terre empli d’amitié, de drôlerie et de bons mots et tout cela est sublimé par une Julia Woignier qui use pour l’occasion d’une palette resplendissante de couleurs et de vitalité. .
Laurent le flamboyant enrichit joliment la collection Polynies des éditions MeMo.
Chez Gaëlle la libraire et Ricochet


©Julia Woignier


Laurent le Outan se déplace lourdement de branche en branche et prépare chaque soir sa tarte aux litchis en déposant une part pour les enfants de Paris, espérant rencontrer ces petits êtres si mystérieux découvert dans son livre d’enfance. Une petite fourmi profite de cette offrande répétée mais commence à en avoir assez de manger toujours la même chose. C’est le début d’une jolie correspondance entre ses deux espèces qui va bouleverser la vie de ce Lolo qui s’ennuie.
Ce roman aux belles illustrations chaudes et colorées transporte le lecteur dans une drôle d’aventure dans la jungle de Sumatra, en Indonésie. C’est drôle, inattendu souvent et ça se lit aussi vite qu’une bouchée de tarte aux litchis.
Le P’tit Libé, Mon coin lecture


Tout, dans ce petit roman, nous facilite la lecture et nous la rend agréable. L’écriture de Karen Hottois qui n’a rien oublié pour plonger le lecteur dans la jungle de Sumatra. Inutile de vérifier si tel arbre existe ou s’il est fantasmé tant les mots nous transportent juste là où il faut ; pas la peine de tester les recettes tant l’énergie nous ramènent les odeurs et les sauveurs ; pas besoin enfin de s’encombrer de description puisque d’ici nous percevons jusqu’aux sons : TCHOUC, TCHOUC, TCHOUC font les lianes de caoutchouc. L’auteure joue avec le rythme, détourne, combine ou s’amuse d’une timide dyslexie. Quelles salades ! quels salamis ! Que de trouvailles dans le texte pour nous raconter cette histoire débordante d’amitié, de dévouement, de bienveillance et de rêves ! Les illustrations de Julia Woignier ponctuent le voyage de leurs couleurs exotiques, rendant à lajungle sa luxuriance et ses éléments (…)
Bigre, Lucie Charrier


Lire un roman dans la collection Polynies (petite ou grande), j’en ai bien conscience désormais, c’est se confronter à un autre monde, un peu différent et empli de fantaisie mais aussi de beaucoup de poésie.
Après le choc Milly Vodović de Nastasia Rugani, Laurent le flamboyant a lui aussi agréablement chamboulé mes habitudes de lecture
(…) La façon d’écrire de Karen Hottois est étonnante. Les mots bougent, les mots changent. Ils semblent libres, totalement incontrôlables, obéissant à leurs propres règles. Karen Hottois nous emmène au pays d’une langue dont elle seule connaît les codes. Mais c’est tellement agréable de se laisser porter et emporter même si on a parfois l’impression de ne pas tout saisir. C’est tellement bon de lâcher prise et d’apprécier la musique des mots.
- Flamboyants ? L'histoire et tous les personnages qui l'habitent. 
On pourrait à priori penser qu’il ne se passe pas grand-chose dans cette jungle de Sumatra. Un singe qui fait des tartes et qui se lève de mauvaise humeur... Mais très vite, on comprend que cela sera tout le contraire. Avec des petits riens, une tarte aux litchis et une petite fourmi, débute une grande aventure mais naît aussi une grande amitié. Karen Hottois nous happe dès le départ avec ses héros qui ne ressemblent à personne d'autre. (…)
HashtagCéline


©Julia Woignier
Ici, tout est beau, simple et authentique ; tout respire la joie, l’énergie et la vie. Nous nous imprégnons de la splendeur frémissante de la jungle, nous adorons l’inventivité audacieuse de la petite fourmi et nous succombons au charme désarmant de Laurent le Outan.
Cette lecture est un immense bonheur pour les yeux, les oreilles, les papilles et le cœur. S’envelopper des magnifiques illustrations chatoyantes de Julia Woignier, déguster les inventions lexicales de Karen Hottois et son maniement délicieux de la langue, goûter à toutes les expériences culinaires de Lolo et jouer, jouer, jouer… 
(…)
Ce livre parlera aux enfants (et pas seulement ceux de Paris !) par ses paroles fluides, accessibles et enrobées d’humour ; par ses illustrations éclatantes, éloquentes et remplies de tendresse
Ce livre parlera aux enfants par la justesse de la représentation de leurs espoirs, recherches, tâtonnements et sentiments sur le chemin de l’amitié ; par son imaginaire aux teintes fantaisistes, en plein vol, où ils se sentent chez eux
Ce livre parlera aux enfants par cet immuable air de liberté qui émane de ses pages et de chaque geste de ses personnages ; par ces audace, sincérité, spontanéité et innocence au-delà des règles, des convenances et des clichés.
Balad’en page, Andrea


Laurent a de grand poils orange, des rêves plein la tête et une fascination pour les petits enfants de Paris. On sourit aux mots en libertés qui grimpent en tout sens pour notre plus grand plaisir. C'est drôle, décalé et plein de tendresse. L'inconnu qui fait rêver c'est toujours l'autre, celui qu'on ne connait pas, qui habite loin
Mais et juste à coté de nous qui est là ? 
Une petite pépite depuis la jungle de Sumatra.
Librairie Voyageurs du monde


Aucun roman de la collection Petite Polynie de chez MeMo ne m’échappe. Laurent le Flamboyant n’a donc bien évidemment pas fait exception ! Une nouvelle fois, comme le veut leur politique éditoriale, l’imaginaire de l’enfant est sollicité et choyé. Cette jolie petite lecture pleine de couleurs réchauffe le cœur en ces temps moroses ! Lolo rêve de rencontrer les enfants, et plus précisément les petits parisiens. Non pas pour leur voler leurs bérets mais pour jouer avec eux. Et c’est bien connu, il faut cuisiner de bons petits plats pour les attirer. Aidé par la fourmi avec laquelle une belle amitié va naître, Laurent va cuisiner croque-monsieur, croque-madame et j’en passe pour les faire venir jusqu’à sa jungle où il tourne en rond.
(P)liées


Pourtant ces deux-là finalement font la paire
De discussions en rigolades, de jeux de société en expériences culinaires
Le flamboyant et la petite fourmi deviennent de grands amis
Oh le croque-madame-à-boa-en-papier, ah le pique-nique-coquetel, hi hi le salami.
Mais Laurent n’a pas oublié les petits enfants de Paris
Alors la fourmi se met à écrire des mots « consoleurs », des lettres « enveloppeuses »
Ainsi réchauffé, l’orang Laurent peut partir avec ses nouveaux amis
Quitter la jungle direction l’ailleurs, ensemble, vers une fin heureuse.
Karen et Julia ont joué, cela se sent,
L’une avec ses mots velus, tordus et secoués en tout sens
L’autre avec ses dessins chatoyants tendres et renversants
Chacune y est allée de sa poésie et de son coeur immense.
Petites et grandes, ces polynies
Sont un ravissement, chaque livre m’éblouit
Une collection singulière sensible et solaire
Que les petites graines semées s’envolent dans les airs
Et se posent dans les mains des enfants…
Les mots de la fin


Pensé pour les jeunes lecteurs à partir de 7 ans, mais loin de leur être réservé, ce roman illustré est un concentré de magie et de poésie. Karen Hottois explique qu'elle débute chacune de ses histoires en cherchant un prénom. Heureux donc les Laurent dont le prénom inspire jungle, lianes, tartes aux litchis, fourmi gourmande et lettres passionnées. Jouant avec les mots, leur rendant leur liberté, Karen Hottois crée un univers plein de fantaisie, un univers où tout est possible et même plus encore si on y croit fort. Un univers qui ressemble à s'y méprendre au pays magique de l'enfance. Ses mots chantent, ses mots dansent et tourbillonnent, ses mots appellent à être lus à haute voix et à être partagés.
Mais il n'y a pas que Laurent qui soit flamboyant. Les illustrations de Julia Woignier sont une explosion de couleurs chatoyantes. Elle nous plonge dans une jungle luxuriante, foisonnante, extravagante accompagnant avec justesse le texte de Karen Hottois.
Si vous aimez les mots, si vous aimez les entendre chanter, les faire jouer, les faire rouler, ce livre vous ravira. Si vous rêvez de vous évader, si vous rêvez d'exotisme et de chaleur, ce livre est fait pour vous. Alors savourez-le et partagez-le.
Maman dans les nuages


Romans jeunesse préférés pour les 6/10 ans, lus en 2018
Au milieu des livres

Un orang-outang, « Laurent le outan », fou de langage, joue avec les mots pour tromper son ennui. 
Ouest France, Dix bonnes idées de livres pour petits et grands, Romans enfants


Elle, La liste de nos envies: Lolo en slip léopard


(…) On est chez MeMo, dans leur collection surprenante, irrésistible, Petite Polynie, et je suis surprise et je ne peux résister. Déjà rien que le livre.  Ces livres sont beaux, ils sont différents, c’est intrigant, ils sont attrayants. Vous vous souvenez de Milly Vodović que nous avons présenté de Nastasia Rugani qui est génial.
C’est tout un macrocosme dans la forêt de Sumatra avec des vraies références à des animaux, au voyage, c’est un documentaire animalier d’une certaine façon. C’est complétement déjanté en écriture, mais déjanté à un point. J’ai rarement vu ça. Je me disais je vais décrocher, et je ne décroche pas. C’est pas possible, c’est drôle.
Onlikoinou, Véronique Martin et Simon Roguet 


Voilà un petit roman particulièrement facétieux à l’image de ses personnages. Karen Hottois déploie son goût des jeux de mots et des pirouettes langagières pour faire de ce texte une histoire drolatique, empreinte d’une folie douce et d’une touche d’absurde. À travers cette histoire – qui se prêtera aisément à de joyeuses séances de lectures oralisées- les lecteurs et les lectrices se laisseront entraîner au cœur d’une nature flamboyante qui apparaît, au fil des pages, sous les pinceaux lumineux de Julie Woignier.
Une lecture comme un passeport vers un ailleurs où l’amusement est le maître-mot. 
Moka Milla, La mare aux mots


Ce recueil de nouvelles nous embarque dans l’exploration très personnelle et très intime d’un personnage, Laurent. Ce livre est animé par la recherche de bonheur et de rencontres de cet orang-outan. Il exprime de nombreux sentiments, autant de la mélancolie que de la joie. Il est heureux avec ses amis dans la jungle tout en exprimant le désir de partir à l’aventure. Ce chemin psychologique est très bien développé au sein des aventures et rebondissements connus par les personnages. Son amie la fourmi est très étonnante de spontanéité et de réparties.(...)
Il y a également cette idée d’apprentissage, celui des émotions, des désirs et de la manière de les exprimer. La dernière nouvelle clôt le recueil avec beaucoup d’émotions et un sursaut d’aventure. Des illustrations flamboyantes et très colorées parsèment le livre, lui donnant une tonalité joyeuse et, par leur style naïf, une impression d’innocence et de découverte. Cette quête des autres et de soi distille aussi l’idée que Laurent n’est pas vraiment dans son élément. Il ressent un décalage insaisissable au sein de cette jungle dans laquelle il ne se reconnaît pas tout le temps. Un livre très subtil rempli d’amour et d’élan pour les autres.
Le tourneur de pages


Je suis donc partie direction la jungle de Sumatra – dépaysement assuré ! – à la rencontre de Laurent, ce flamboyant Orang-outan qui cuisine chaque jour une délicieuse tarte aux litchis, espérant ainsi faire venir à lui les petits enfants de Paris. Mais au lieu des enfants, c’est une petite fourmi sans-gêne et pleine d’imagination qui va venir à sa rencontre.
Une chose est sûre, j’ai adoré ce livre, mieux, je l’ai savouré ! Un vrai petit bijou de poésie, de drôlerie, d’originalité. Les illustrations de Julia Woignier sont magnifiques et colorées, les mots de Karen Hottois sont savoureux. Ses associations de mots, d’idées sont extras, peut-être nécessiteront-ils parfois une petite explications pour les jeunes lecteurs, en tout cas, personnellement, je me suis régalée, et j’adorerais retrouver Laurent dans de nouvelles aventures !
Parce que sous couvert d’une mignonne histoire, l’autrice nous parle d’amitié, d’amour, de sentiments, de rêves, les textes sont forts, parlants, les personnages attachants.
Vous l’aurez compris, petit coup de cœur pour ce joli recueil, destiné aux jeunes lecteurs mais bien loin de se limiter à eux ! Si vous cherchez un peu d’évasion et de poésie, n’hésitez pas à partir à la rencontre de Laurent et ses amis !
L’heure de lire

Et on vous emmène en vagabongage avec les chouchous pref de pref de Laurine pour nos jeunes lecteurs cet été! Captivants, drôles, malicieux, des romans pour nos ados... et pour nous! . • DROLE ET POETIQUE Laurent le Flamboyant.
La procure Lille

Quel bonheur cette lecture! ❤❤ Une belle écriture, une bonne dose d’humour, une histoire d’amitié et un beau voyage entre la jungle et la recherche de Paris, le tout accompagné par des illustrations magnifiques de Julia Woignier!! A découvrir absolument!! Mettez-le entre les mains des plus petits à partir de 7, 8 ans… Retrouvez d’autres titres de cette chouette collection petite Polynie de chez Memo dans nos rayons
Bibliothèque Auderghem


Le Flamboyant, c’est Laurent le Outan ( !), cela conviendrait pour parler de ce petit ouvrage qui efface les limites de genre, transcende toute catégorisation et entrecoupe un texte rare d’images en quadrichromie non moins flamboyantes… C’est d’abord un récit enfantin qui a pour personne l’orang outan, sa vieille maman, une fourmi, un moineau, et tous les amis de la jungle, soit les trois arbres voyageurs, Monsieur le Vent, la Sieste… la fantaisie est à l’œuvre. Laurent le Outan rêve de la Tour Eiffel, surtout d’enfants qui seraient ses amis et viendraient lui rendre visite, il les attend chaque jour avec une tarte aux litchis, chaque jour il est donc déçu et triste. Car ce livre est aussi une parabole, une belle histoire pour tous qui parle des rêves, désirs d’impossible, tristesses devant un réel décevant, il dit surtout l’importance de l’amitié. A défaut des amis espérés, Laurent a de vrais amis bien présents eux, des êtres qui l’aiment assez pour l’accompagner dans son rêve jusqu’à Paris. Enfin, c’est un livre qui nous emberlificote par les mots : mots exotiques (le gado-gado), mots inventés (obombrer, l’écosmolitique !), mots détournés (la fourmi raconte « des salades, des salamis, des salopettes » ?), parfois des mots sont en désordre dans la phrase, les lettres en désordre dans le mot, mais ceci ne rend pas compte de la poésie folle qui se dégage de ce texte et qui vous laisse sur un nuage.
NVL
©Julia Woignier

Laurent le Flamboyant
Karen Hottois
illustrations de Julia Woignier
Petite Polynie, MeMo

samedi 24 novembre 2018


Polynies à Montreuil 

Pieds nus dans la neige, courant malgré le mordant du froid, les joues rougies en sauvages, dans l’ombre des fantômes entre jour et nuit. C’est ainsi qu’on entre en littérature dans les collections de romans illustrés Polynies, nées du désir de donner à lire des aventures en imaginaires, autres lieux, autres temps, autres corps, pour voir dans son dos et découvrir l’essence secrète des mots, grâce aux passages dérobés créés par des auteurs et illustrateurs bien décidés à dire ce qui ne peut être vu. Émile Cucherousset et Camille Jourdy (Truffe et Machin), Audren et Cédric Philippe (La petite épopée des pions), Sigrid Baffert et Adrienne et Léonore Sabrier (La marche du baoyé), Gilles Barraqué et Hélène Rajcak (Vendredi ou les autres jours), Nastasia Rugani (Milly Vodović, couverture de Jeanne Macaigne, Prix Vendredi Mention Spéciale), Karen Hottois et Julia Woignier (Laurent le Flamboyant) ont été les aventuriers des vents contraires en cette première année polynienne.

Chloé Mary, Directrice des collections Polynies

les dédicaces des auteurs et illustrateurs polyniens
éditions MeMo, stand F6 (1er étage)




samedi 1er décembre
●Karen Hottois – illustrations de Julia Woignier : 11h
Laurent le Flamboyant (Petite Polynie)

●Nastasia Rugani – couverture de Jeanne Macaigne: 16h30
Milly Vodović (Grande Polynie) et Les coiffeurs des étoiles (album)

Dimanche 2 décembre
●Audren – illustrations de Cédric Philippe : 14h
La petite épopée des pions (Petite Polynie)

Emile Cucherousset – illustrations de Camille Jourdy : 16h
Truffe et Machin (Petite Polynie)

Lundi 3 décembre
Sigrid Baffert : 14h
La marche du baoyé (Polynie)

Gilles Barraqué : 15h
Vendredi ou les autres jours (Polynie)

lundi 29 octobre 2018

MISE EN SCÈNE DE LA PAGE BLANCHE


RENCONTRE AVEC JULIA WOIGNIER
Parce que parfois le temps se retient d'avancer, il permet à une illustratrice d'approcher ses débuts, ses rites et manies de création, les non-dits et les secrets de ses œuvres, les embûches à Sumatra et ailleurs, les périphéries et les chorégraphies, et le pull jaune qui relance la machine créatrice


©Julia Woignier, La forêt invisible

MODES DE VIES
Avant d'entrer aux Arts Déco de Strasbourg, j'ai travaillé dans un petit atelier d'illustrateurs en région parisienne. J'y animais surtout des cours d'arts plastiques pour enfants et je commençais à faire des illustrations, encouragée par ce nouvel entourage professionnel. Ce milieu m'a plu, le mode de vie me correspondait assez bien. La suite a donc eu lieu à Strasbourg. Lorsque j'ai été diplômée, je n'imaginais pas trouver si rapidement un éditeur, mais grâce au Concours international d'illustration de Montreuil j'ai pu rencontrer MeMo et nous avons commencé à travailler ensemble quelques mois plus tard. Cette première rencontre a permis à La forêt invisible de voir le jour, puis à La clé...


©Julia Woignier, La forêt invisible

©Julia Woignier, La forêt invisible


LE TEMPS RETENU
J'ai mes petits rituels de travail. J'aime le matin. On dirait que le temps se retient d'avancer, c'est une illusion bien sûr, mais il se fait discret et c'est ce dont j'ai besoin pour travailler. Paradoxalement, c'est souvent dans les moments de flottement, dans une rame de métro par exemple, que les meilleures idées surgissent... alors que le temps est compté ! J'ai des petits carnets que j'emmène partout et dans lesquels je compile des idées. D'abord, il s'agit d'un dessin machinal, qui fait naître des pistes d'histoires. Il peut y avoir à l'origine une impression visuelle forte, une idée de composition, une combinaison de couleurs. Je m’imprègne mentalement d'une ambiance, c'est de l'ordre de la sensation. J'écris d'abord par l'image. Je fais beaucoup de recherches graphiques dans mes carnets, c'est un chemin nécessaire pour inventer l'histoire. Je la mets à l'épreuve du dessin.


©Julia Woignier, La clé


©Julia Woignier, La clé
©Julia Woignier, La clé
©Julia Woignier, La clé
©Julia Woignier, La clé

DANS LA FORÊT INVISIBLE
Ce que vous dites de la forêt invisible de la création est une très belle interprétation. Je n'y avais pas pensé en ces termes. La forêt invisible raconte beaucoup de choses, j'aime que chacun y invente sa propre histoire, qu'il y cache un secret ou y révèle un trésor. Il est vrai que tout comme les explorateurs devant la forêt invisible, l'auteur (ou l'artiste) est confronté à une réalisation imaginaire, invisible, une page blanche. Sans être jamais sûr de ce qui va surgir sur le papier, il doit plus ou moins batailler et communier avec ce qu'il produit pour faire aboutir son travail.


©Julia Woignier, La forêt invisible
Laurent le Flamboyant ©Julia Woignier

LES NOMS DES CHOSES OU L’ART DU SAUTE-MOTS
À la lecture de Laurent le Flamboyant, j'ai eu l'impression d'un récit luxuriant, fantaisiste et survolté. Les toutes premières images que je voyais étaient des images de mets exotiques. Je lisais des noms de fruits et de fleurs que je ne connaissais pas et mon imaginaire s'emballait. Je devais tout vérifier, entre les jeux de mots, les mots inventés, et le lexique propre à Sumatra, j'étais dans un voyage truffé d'embûches.


Laurent le Flamboyant ©Julia Woignier

L’ŒIL SENSIBLE AU TROU DE LA SERRURE
L'illustration en petites vignettes est une réponse technique au fait de ne pas pouvoir tout raconter je crois. Le texte fourmille de situations, les personnages sont très expressifs, on a envie de les saisir dans un moment de complicité, de surprendre un regard coupable… Sur un plan purement pragmatique, la différence d'échelle entre les personnages très grands (comme Laurent, ou l'éléphant Yongki) et ceux très petits comme la fourmi ou Monsieur Bouhabibi, oblige à cadrer, à se focaliser sur le minuscule qui bien que minuscule n'est pas un détail !
Enfin, je reconnais mon goût pour les micro-scènes périphériques. C'est quelque chose qu'on retrouve dans l'imagerie populaire, des petits personnages secondaires qui traduisent un sentiment. C'est ce qui se passe lors de la scène du départ : un couple de souris essuie une larme dans un coin.


Laurent le Flamboyant ©Julia Woignier
CORPS EN SCÈNE
Le corps dans l'espace et le mouvement (ou le geste), en effet, sont essentiels pour moi. Les gestes racontent beaucoup. Ils disent une ambiance, une humeur, ils trahissent un caractère. J'essaye d'être précise dans leur représentation. Je suis également très attentive à l'organisation des blancs ou des espaces dans la page. Par ailleurs, je trouve que les corps sont très présents dans le roman de Karen Hottois, leur taille les confronte sans arrêt à leur environnement, du gigantesque au minuscule. Les personnages sont pétris d'exagération, certaines scènes sont très théâtrales, notamment les scènes de cuisine. C'est cette ambiance fébrile, bouillonnante qui m'intéressait. L'illustration est comme une sorte de mise en scène pour moi. Karen fait une appétissante description du menu, les gestes rajoutent à son abondance.


Laurent le Flamboyant ©Julia Woignier


UNE SECONDE AVANT : DEUX ILLUSTRATIONS POUR UN DÉPART

                        

La répétition et la variation font partie de mon processus de travail.
À propos de cette image, j'ai d'abord réalisé celle où Laurent fait face à ses amis. C'est l'instant où il leur annonce son départ. Je ne sais plus ce qui m'a fait douter (ça peut être un détail aussi bête que le pull jaune sur le dessus de l'armoire), mais je l'ai recommencée aussitôt. Au lieu de refaire la même exactement, j'ai imaginé que les personnages surprenaient Laurent une seconde avant.

PROJETS DE COUVERTURE